Mon enfant s'est fait prendre à tricher pendant un examen, comment réagir?

Chronique
Nadia Gagnier

Nadia Gagnier

Au-delà de l’émission Dre Nadia, psychologue à domicile (Canal Vie), qui lui a valu la confiance du public, Nadia Gagnier a un parcours qui permet à tous de lui faire confiance! Détentrice d’un doctorat en psychologie, elle a plus de vingt ans d’expérience clinique. Depuis plusieurs années, elle présente des conférences et des formations professionnelles. C’est toujours avec douceur, humour et rigueur scientifique qu’elle vulgarise la psychologie... pour le bien de tous !

Vous recevez un courriel… c’est l’enseignante de votre enfant. Elle vous informe que ce dernier a triché à une évaluation. Horreur! Il a écrit les tables de multiplication dans la paume de sa main. 

Tout doucement, dans votre imagination, des cornes poussent sur la tête de l’enfant que vous imaginez être un ange!

Un premier réflexe normal de parent est de ne pas croire l’enseignante! « Non, c’est impossible! Je ne l’ai pas élevé comme ça! Il y a sûrement erreur sur la personne! »

Mon enfant s'est fait prendre à tricher pendant un examen, comment réagir?

Prendre le temps de se questionner

Un deuxième réflexe important à développer serait de se demander « et si c’était vrai? ».

Aussi difficile que cela puisse sembler, il est important d’ouvrir votre esprit à l’idée qu’il est fort possible qu’au cours de son développement et de son apprentissage, votre enfant fera des erreurs, et même parfois, des erreurs qui vous sembleront malhonnêtes.

Avant de lui parler de la tricherie dont on l’accuse, ou de contacter l’enseignante, mieux vaut prendre un temps pour laisser les émotions se calmer afin de réfléchir de manière plus rationnelle. Voici des exemples de questions à se poser pour une bonne réflexion :

  • Est-ce que mon enfant éprouve des difficultés dans la matière pour laquelle il vient de tricher? Peut-être veut-il éviter la honte ou l’humiliation d’un mauvais résultat? Comment pouvons-nous pallier ses difficultés afin qu’il soit plus préparé et plus confiant pour la prochaine évaluation?
  • Comment nous, ses parents, réagissons-nous lorsqu’il obtient des résultats en deçà de nos attentes? Peut-être veut-il éviter les réprimandes? Lui imposons-nous trop de pression de performance?
  • Est-ce nécessairement un signe d’une malhonnêteté qui le mènera droit vers la délinquance? Est-ce plutôt une erreur de parcours?
  • Pourrait-il retirer un apprentissage d’une discussion franche avec moi? Comment l’encourager à me dire la vérité? Comment lui faire comprendre que faute avouée est à demi-pardonnée (ou même totalement pardonnée!)?
  • Quelles sont mes questions pour l’enseignante? Quelle image de ma relation et de mes communications avec elle est-il souhaitable de transmettre à mon enfant?

Discuter avec votre enfant

Ensuite, entamez une discussion avec votre enfant :

  • Exposez les faits dont l’enseignante vous a informé, sans prendre parti… ni pour elle ni pour votre enfant. 
  • En lui disant que beaucoup d’enfants commettent cette erreur un jour, demandez-lui ensuite ce qui s’est passé. Avant de le laisser parler, précisez d’abord que vous aimez mieux une vérité difficile à accepter qu’un mensonge embellissant la réalité. Enfin, écoutez-le, sans l’interrompre.
  • Après sa version des faits, expliquez-lui que, que ce soit vrai ou non, ce comportement est malhonnête, injuste pour ceux qui ont étudié et fait le test sans tricher, et nuisible à ses propres apprentissages.
  • Avouez qu’il est possible qu’il sente que vous, ses parents, souhaitez qu’il obtienne de bons résultats scolaires et que vous redoutez ses échecs… c’est normal que des parents souhaitent tous les succès du monde à leur enfant! Cela est parfois perçu par les enfants, à tort, comme une obligation de réussir. Mais, peu importe les notes qu’il obtiendra, vous l’aimerez toujours de tout votre cœur, et que face aux échecs ou aux erreurs, votre rôle est de le soutenir et de l’aider à s’améliorer… pas de le gronder, même si une première réaction de déception est normale.
  • Avouez que l’école, c’est difficile, et qu’il est parfois tentant de vouloir prendre des « raccourcis », mais que ce n’est pas toujours une bonne idée :
    • Si l’enseignant croit que tu réussis bien, il ne sera pas conscient de tes difficultés d’apprentissage et ne pourra donc pas t’aider.
    • Que feras-tu lorsqu’il te sera impossible de tricher (ex. : surveillance accrue de l’enseignant)?
    • Et si tu te faisais prendre… est-ce que le jeu en vaut la chandelle?

Enfin, après une aussi grande et franche discussion, il est toujours bon de terminer votre message sur une note positive et encourageante. Par exemple, vous pouvez terminer en disant que les seules bonnes façons de réussir, c’est d’être présent à l’école (de corps et d’esprit!), de fournir beaucoup d’efforts, de poser des questions lorsqu’on ne comprend pas… et, parce que tout ça est difficile, de se laisser encourager par ses parents, qui seront toujours ses plus grands admirateurs et toujours prêts à le soutenir!